Chemin du Levant ou Camino de Levante -  El Toboso - Villa de Don Fadrique
Date 9 avril 2008

CHEMIN du LEVANT - CAMINO LEVANTE

Etape : El Toboso - Villa de Don Fadrique

Je n'ai pas envie de partir, car il a plu une bonne partie de la nuit et, ce matin, la pluie sévit encore ! Néanmoins, la pluie du matin n'arrêtant pas le pèlerin, c'est avec le parapluie en guise d'étendard que j'affronte les intempéries.
Qu'écrire dans ces moments-là ? Que penser devant l'adversité météorologique ? Qu'il faut de la patience ! De l'abnégation. En guise de dérivatif, on se remémore des faits anodins qui permettent d'estomper la difficulté du moment.
Ainsi, hier, j'ai constaté l'absence d'eau chaude dans la salle d'eau. Je sors et j'informe la femme de chambre de ce fait. Elle vient me montrer les différents robinets en m'expliquant les mots « caliente » et « fresco » pour constater comme moi que le robinet d'eau chaude délivre en fait de l'eau froide. On se rend dans une autre chambre pour vérifier que le robinet marqué d'un point rouge délivre effectivement de l'eau chaude. Elle m'abandonne un temps qui me parut long, pour essayer de résoudre cette énigme. A son retour, elle tenta de m'expliquer que le robinet rouge correspondait à l'eau froide, tandis que l'autre devait délivrer de l'eau chaude. Les branchements étaient inversés et, a priori, personne n'avait la remarque !
Face aux intempéries, il faut une dose de philosophie en proportion du mauvais temps. On sait que l'on doit marcher 5 heures pour l'étape du jour, et qu'en principe, il ne pleut jamais aussi longtemps. Il y a même des côtés positifs à marcher dans ces conditions. Ainsi, aller dans un chemin boueux est un excellent exercice pour les muscles des jambes, du fait des chaussures alourdies par le poids de la boue.
Dans ces moments là, on vit dans ses pensées, qui virevoltent plus vite que ses pas. Quand l'une d'elles s'accroche à notre esprit, on l'examine sous toutes les coutures.
« On marche dans ses chaussures » ! On attend que ça se passe, et l'on se cramponne à une situation cocasse pour faire passer le temps.
Et tout à coup, le vent, en général, se lève, et la pluie cesse. On n'ose y croire. On ne veut pas replier de suite le parapluie, craignant une fausse accalmie, car le ciel charrie toujours des cohortes de nuages noirs.
Mais non ! A regret peut-être, il va falloir reprendre conscience de la réalité. Je viens de parcourir 8 kilomètres avant d'arriver à Quintanar de la Orden.
J'ai rejoint Helmut, parti plutôt que moi ce matin, et nous entrons dans un bar pour boire le premier café de la journée.
Je range le parapluie. Je prépare les bâtons. Je suis prêt à avaler les chemins qui me mèneront à destination.
Aucune difficulté particulière pour cette étape si ce n'est certains passages boueux. Quasiment pas de dénivelé ; les plus importants étant ceux créés artificiellement par l'homme, à savoir les ponts pour les franchissements de voies rapides, d'autoroutes ou de voies de chemin de fer.
Le parcours n'est pas lassant ; pas de ces longues lignes droites que j'ai connues auparavant. Au contraire, il serpente au milieu des vignes. On est dans la zone d'appellation des vins de La Mancha.
 aperçu du chemin au milieu des vignes
Comme très souvent, le topo-guide se révèle faux dans beaucoup de domaines. Il est conseillé aux personnes n'ayant pas le sens de l'orientation de s'abstenir absolument d'effectuer ce parcours. De plus, il ne faut pas compter, dans tous les cas, sur une aide des gens rencontrés pour obtenir des renseignements sur le chemin.
A l'étape, il n'y a pas d'accès à internet, car le réseau est en panne, et il n'y a rien à visiter en ville. Il faut, dans ces cas là, une vie intérieure très intense !
Néanmoins, chaque instant aura apporté sa parcelle à satisfaire sa curiosité, à marquer son étonnement, à manifester sa joie de vivre. Et demain est un autre jour !
Mes ampoules au pied gauche tardent à guérir et quelquefois se manifestent d'une façon très désagréable. Certaines fois je me pose même des questions sur la possibilité de gagner Toledo de suite par le bus afin d'accélérer la guérison en cessant de marcher.
Départ : 8 heures
Arrivée : 13 h.15
Distance : 23 km

 

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